J'ai beaucoup hésité avant de poster ce billet. Par peur que cela ne tourne au mono-sujet.
D'avance, je vous prie de m'en excuser : promis, on ne reparlera plus de course à pied ici avant un bon moment (normalement, je devais te causer du Low-Poo ou comment ne plus avoir les racines grasses et éviter de se laver les cheveux tous les jours. Mais juré : bientôt, ce sera en ligne).
Aujourd'hui, il s'est passé un truc. Et par respect pour la fille sur le banc (ya environ 25 ans, celle qui était dispensée de sport car la prof avait décrété : de toutes façons, c'est ce qu'elle a de mieux à faire, elle n'est bonne à rien ! Même quand on compose les équipes, elle n'est jamais choisie !), je voudrais vous en parler (et accessoirement, adresser un gros doigt d'honneur à cette prof, juste comme ça, pour la forme).
Vraiment, ce n'est pas pour me passer la brosse à reluire (j'aime pas ça en plus).
C'est seulement pour tous les ados du Collège, ceux qui pensent que ce n'est pas pour eux, et en restent marqués à vie...
Aujourd'hui, j'ai couru les 20 kms de Paris en 2h30 (ouais, si t'es un Champion qui fait normalement ce Parcours en 1h20, tu peux rigoler. Perso, le temps, je m'en fiche complètement).
Sans arrêt, ni marche, et à vitesse constante comme l'atteste la jolie couleur jaune ci-dessous (sinon, ça te colle du rouge en cas de ralentissement, tu ne peux donc pas bananer l'application).
A la question, je réponds : très mal pendant les 4 derniers kilomètres...
Le double de la semaine dernière, le double de monde, le double d'heures, le double de tout.
Là, c'était du violent.
Le froid sur le Pont d'Iéna en attendant que les vagues successives de 6 000 personnes partent (et les gens qui se protégeaient avec des sacs poubelles qu'ils jetaient lors du départ). Ces mêmes sacs poubelles que tu dois éviter, car se prendre les pieds dedans = tu tombes.
A partir du 15ème km, les grands costauds, de la Famille de Hulk, qui pleurent sur le bas-côté à cause d'une crampe (vive la Citrate de Bétaïne !). Me suis également gavée de granules d'arnica...
Au 16ème km, les massages cardiaques par le SAMU (et aussi sur la ligne d'arrivée). Ce que normalement tu ne veux pas voir, alors tu détournes la tête...
Puis les gens qui hurlent de douleur.
Et aussi les évacuations par la Protection Civile.
Egalement, les blessures pas belles...
Les Stands de ravitaillement où tu accueilles un quartier d'orange et un sucre comme si c'était la meilleure nourriture du monde.
Ma gardienne (la gentille Marijuana) qui s'était postée sur le chemin juste pour me voir.
Les Ponts de Paris rien que pour toi et sans voitures.
Les Tunnels, que normalement tu prends avec justement ta voiture. T'as jamais remarqué un truc : ça descend, mais ya aussi un moment où ça remonte... Cerise qui dit : ne change rien à ton allure, ne force pas sur tes jambes. Tire sur tes bras, exagère tes mouvements. Ce sont eux qui font tout.
La magnifique phrase : Cerise, je crois que j'ai une ampoule...
Elle qui répond : T'as pas d'ampoule. Elle pousse dans ta tête !
Et l'ampoule qui disparaît (c'est le concept de l'amie qui fait aussi pansement Compeed virtuel).
L'autre phrase : Cerise, je ne suis pas certaine d'arriver jusqu'au bout...
Sa réponse : Quoi ? J'ai pas compris ce que tu dis. Inutile de répéter, j'entends pas !
Et un illustre inconnu qui déclare : Ca va pas non ? Vous n'allez pas abandonner ! Allez, allez !
La formidable déclaration : Hey Cerise, on suit pas les mecs avec les banderoles marquées "1h30 - 1h50 ou 2h" hein ! Où c'est qu'il est le meneur avec marqué "2h30" ???
Cerise : Y en a pas !
Moi : Super...
Les panneaux chiffrés posés à chaque kilomètre. Quand tu vois écrit "8", tu te dis qu'il en reste encore 12 à parcourir. Quand tu vois écrit "17", tu te demandes comment tu vas arriver à en faire encore 3. Et tu peux pas abandonner, sinon, tu l'aurais déjà fait au 16ème kilomètre...
Cerise qui demande son 06 à un mec (en courant, normal).
Le 18ème Kilomètre qui n'arrive pas. Se fermer, ne plus parler, ne plus rien entendre, ne plus rien voir. Seulement vouloir y arriver, ne pas lâcher, et ne pas tomber.
Le 19ème qui tarde à venir. Juste penser à "C'est le mental qui fait tout, puise dans tes réserves, tu vas le faire jusqu'au bout".
La ligne d'arrivée et les photos.
Les jambes comme du béton.
La médaille.
Thomas de Secret Story, derrière nous, accueilli par Nabilla-Allô-t'as-pas-de-Shampoing et qui agonise dans ses nichons (elle n'a pas couru, car je pense que mammairement parlant, ça doit être un peu compliqué au vu de son matos). Un moment d'une très grande intensité, je dois le reconnaître. Ravie d'avoir pu assister à ça en vrai :)
La tête dans un étau.
Tu ne sais pas ce que tu viens de faire car tu es totalement cuite.
T'as envie de pleurer, mais tu ne peux pas, car tu ne réalises pas ce qui vient de se passer.
Autour de toi : le brouillard... 24 000 personnes... Que tu ne vois même pas...
Les jambes que ta tête ne contrôle plus.
Remercier chaleureusement les bénévoles de l'Association Laurette Fugain pour avoir gardé sa doudoune bien chaude dans un sac, et la retrouver à l'arrivée (quand toi tu es trempée, et que tes cheveux doivent être essorés comme au sortir de la douche).
Tu postes une photo de toi sur ton blog, et tu t'en fous que tu sois habillée comme un sac et pas maquillée.
On te donne un pochon avec plein de choses à manger dedans.
T'as même pas envie de la plaque de chocolat ou du gâteau, alors tu croques dans une pomme.
Le Bus que tu dois prendre pour rentrer. Et en l'attendant, tu fais tes étirements.
Ya plus de bus, toute la circulation est bloquée.
Pas le choix, t'as laissé ton argent et ton téléphone à la maison, t'as pris que ton Pass Navigo : tu retournes chez toi à pied (5 kms de plus ou de moins hein).
Ben oui, t'es couille, t'as oublié que le Métro existait ! Véridique, j'y ai même pas pensé (c'est comme la porte du parking, il avait disparu pendant la nuit, j'ai pas vu les panneaux).
Entendre en rentrant : T'es revenue à pied ??? Mais t'as laissé ton cerveau sur la ligne d'arrivée !
Complètement sonnée, rester 30 minutes sous la douche bouillante.
Se passer un roll-on aux huiles essentielles sur tous les muscles.
Se dire : Putain... Fuck la prof de sport !
Juste penser à se réinscrire à cette Course l'année prochaine.
En attendant... Si vous voulez venir avec moi le 17 Novembre, vous êtes les bienvenus !!!