C'est chouette le vendredi, c'est la fin de la semaine.
C'est chouette quand c'est vendredi 13, ça porte bonheur. Les collègues reviennent de leur pause-déjeuner avec un ticket de loto à la main et les yeux qui brillent. Peut-être que si lundi on ne le revoit pas ce collègue, c'est parce qu'il aura gagné et fera comme dans la publicité ?
C'est chouette le vendredi soir, on sait qu'on va avoir du temps pour les potes, que le lendemain c'est samedi et qu'on peut couper le réveil. On peut veiller, prendre le dernier métro pour rentrer, on s'en fout, le temps ne compte pas le vendredi soir. Et puis, peut-être que demain on pourra aller voir la mer ?
On fait comme les Parisiens, on n'est pas des bobos nous autres, mais on va poser nos fesses en terrasse pour boire du vin en mangeant des tranches de saucissons. On n'est pas des bobos, mais on va dans les quartiers bobos, parce que faut dire que c'est là que c'est sympa quand même. Il y a de la musique, des jolies filles, des beaux garçons. Il y en a aussi du côté des Champs-Elysées, mais c'est pas pareil. Les filles y sont aussi jolies et portent de beaux souliers, les garçons également, mais c'est pas comme dans le centre de Paris. C'est mieux quand c'est plus populaire (qu'on dit, pour faire genre qu'on n'est pas trop snobs quand même) et les talons ça fait mal aux pieds.
On parle de la semaine au bureau (mais pas trop), on boit (un peu) et on rigole.
Il fait bon. C'est chouette l'été Indien à Paris, on peut se mettre en terrasse chauffée, même si on râle sur ces saletés de Parisiens qui envoient la fumée de cigarette dans le nez des gens.
On râle sur les impôts, sur les voisins, sur les collègues, mais c'est vendredi soir, il y a les potes.
On n'est pas sur les Champs-Elysées, c'est moins cher pour passer le vendredi soir. On peut se prendre une assiette à plusieurs, et de ce vin à la ficelle, oh on ne sera pas très regardant sur la qualité. C'est vendredi soir avec les potes, on est là pour rigoler.
C'est vendredi 13 et parfois c'est une date qui porte malheur. Si ce collègue ne revient pas lundi, ce n'est pas parce qu'il a fait comme dans la publicité.
C'est vendredi 13 et Paris a basculé dans la barbarie la plus ignoble. Gratuitement. Juste parce qu'on était assis à une terrasse à boire du vin à la ficelle et à manger du saucisson, ou dans une salle de concert pour écouter son groupe préféré, vous savez : ces satanistes aux cheveux longs qui font de la musique de sauvage.
C'est vendredi 13 et le monde entier est sonné.
On pensait "plus jamais ça" après Janvier. C'est pire.
On occulte ce que l'on peut lire ça et là de nauséabond sur l'amalgame, ça émane de personnes pas très intelligentes, donc très peu dignes d'intérêt.
Le semi-marathon de Boulogne a été annulé ce matin. Tous les joggeurs croisés dans le Bois de Boulogne étaient vêtus de noir, le visage fermé. Normalement, c'est habillé en fluo et heureux un runner, car courir ça file des endorphines.
Mais il y avait des gens, plein de gens qui souriaient, des enfants sur des patinettes, des vieilles dames sur des vélos, des couples qui se donnaient la main.
Dimanche 15 Novembre 2015. Il faisait très beau. Le soleil brillait sur Paris, capitale de la perversion et des abominations.
Sortez les gens, bougez, baisez, racontez des bêtises à vos amis, buvez du Coca ou du vin rouge le vendredi soir en terrasse, à Paris ou ailleurs, mariez-vous avec des hommes ou des femmes (qu'importe que vous soyez un homme ou une femme) ou ne vous mariez pas mais embrassez qui vous voudrez, mangez une plancha ou un steack vegan, portez des jupes courtes, regardez ce joli garçon furtivement en espérant qu'il croisera votre regard, ça n'est pas interdit, vous êtes libres, vous n'avez pas peur, vous ferez encore les couillons, vous irez écouter de la musique dans les concerts et râlerez sur vos voisins ou les impôts, soyez sérieux ou soyez irrévérencieux, mais par pitié putain : VIVEZ.
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