Ou plutôt avec le sous-titre c’est mieux :
« Comment je me suis découvert une passion subite pour le canoë
– bon… ok… une fois qu’on a péniblement réussi à partir car les éléments étaient déchaînés… »
Entendons-nous bien mes enfants, soyons clairs : never j'ai posé le fondement sur quelque chose qui ressemble de près ou de loin à un canoë-kayak...
Dois-je re-préciser que j'ai le mal de mer sur quoi que ce soit qui flotte ? Même sur un Zodiac ? Oui.
Tu vois le Châlet des Îles dans le Bois de Boulogne ? Bucolique comme endroit n'est-ce pas ? Ben j'ai jamais mis les pieds là-bas à cause du fait qu'il faut prendre un bac pour traverser la rive (3 minutes la traversée, note... Irrécupérable je suis).
Muriel, elle m'a dit : "T'en fais pas pour le canoë, franchement ça tiendra plus de la barque !".
NB : ne jamais plus écouter Muriel.
J'ai bien informé tout le monde que si barque il y avait : vomito de ma part il y aurait (ça va ensemble, amis émétophobes : pardon d'avance).
Bref.
V'là que Frédéric Gallois, ancien Chef du GIGN et Directeur Sportif du Raid, a commencé à nous faire le brief concernant la traversée.
On pensait 6km, mais en fait c'était 8km (on croit que c'est pas grand chose, mais c'est long, très très long...).
Perso, j'avais décidé de me concentrer sur l'optique balade et appréciation du paysage (on devait longer toute la côte, là où c'est que la Mer des Caraïbes rejoint l'Océan Atlantique). Je dis ça pour occulter le fait que ramer ça fait mal aux bras...
NB : sachez que c'est en général là que l'océan et la mer se battent, ils aiment visiblement pas trop se retrouver... Ne jugeons pas, c'est un avis qui n'appartient qu'à eux...
D'abord, on a toutes du enfiler un gilet de sauvetage des plus seyants ET un tee-shirt. Voilà donc ce que ça donne : 150 Bidendum Michelin en train de faire le culbuto sur la plage. Beaucoup étaient pieds-nus. Nous, on avait les Women's Go Walk 3 de Skechers à semelles anti-dérapantes (respect éternel).
Note que ça rend joli tout cet alignement de canoës.
Là où on a tout de même fini par s'inquiéter un p'tit peu, c'est en constatant l'état de la mer qu'était pas contente du tout du tout... Y avait un tas de grosses grosses vagues, plein d'écume et genre des rouleaux pas gentils, quoi...
Steve, notre super animateur a lancé le départ via un coup de sifflet et v'là qu'on a toutes couru vers nos embarcations, le cœur plein d'espoir, à l'assaut des vagues...
Comment te dire ? C'est beau d'avoir de l'ambition et d'essayer de bien faire.
Mais quand l'Univers se loge dans des vagues et décide que tu vas pas partir tout de suite, et ben t'as rien d'autre à faire que de te résigner. C'était comme dans Brice de Nice : l’océan ne nous voulait pas, les éléments étaient déchaînés et contre nous.
Franchement, au bout de 5 retournements de canoë (et dois-je préciser que c'est lourd ? Très très lourd, surtout quand tu te le prends sur l'ensemble du corps à chaque fois...) j'ai cru qu'on allait jamais réussir à partir.
Isa elle a appelé ça : "Il faut sauver le Soldat Ryan, les obus en moins - à part les nôtres".
Moi j'ai surnommé cette expérience intéressante : "La fin du monde, la plage du Débarquement...".
Chouf si je raconte des conneuries !
Vautrée de tout mon long à l'arrière de l'embarcation, telle une tortue, je ne pouvais plus m'arrêter de rigoler !
Un Monsieur est venu nous prêter main forte : "Arrêtez de rigoler Madame ! Redressez-vous !".
Moi, morte de rire : "Je peux pas...".
Lui : "Madame, asseyez-vous !"
Au final, je me suis assise à l'arrière, Nadia au milieu, et Isa a grimpé devant.
La vidéo du départ c'est ICI.
C'est là que nous sommes parties pour presque 2 heures de traversée.
Ben t'sais quoi ? Même pas j'ai été malade (truc de ouf). J'ai même adoré faire ça !!!
Y avait des types à-côté dans un bateau... Eux, j'ai franchement failli les étrangler... Ils arrêtaient pas de brailler : "Pagayez ! Pagayez !".
Ce à quoi je répondais élégamment : "Mais vous croyez quoi ? Qu'on est en train de tricoter ou bien ?".
Après il a été question que si on arrivait au gros rocher là-bas sans se vautrer dessus, y aurait de la langouste grillée en cadeau (rappelle-toi : la drague, Sport National en Martinique). Au final, on n'a jamais vu la langouste (Barbie grosse menteuse).
Isa a été transformée dans le dedans d'elle-même... Je sais pas ce qui s'est passé exactement, mais subitement elle ne savait plus dire que 2 mots : GAUCHE & DROITE !
A un moment, j'ai lancé un : "Rhooooooooooo les filles, regardez comme c'est beau ce paysage, quelle chance on a d'être là vraiment !!!".
Isa a répondu : "Tais-toi on s'en fout, PAGAYE ! Gauuuuuuuuuuuuuuche ! Droiiiiiiiiiiiiiiite !".
Ensuite, y avait genre une tortue géante à regarder (mais on a du lui faire peur, passque vraiment on braillait parlait trop fort).
Au bout d'un long moment d'efforts. Mais vraiment, je me répète : j'ai beaucoup aimé ! La ligne d'arrivée s'est enfin dessinée à l'horizon.
D'après le brief c'était simple : à quelques mètres avant la plage, fallait descendre du kayak, le porter, courir entre les poteaux d'arrivée et aller ranger l'embarcation à-côté des autres qui étaient déjà sagement alignées.
Ben on n'a rien compris...
On était joyeusement en train de rigoler car tout de même contentes d'arriver, lorsque... en 1/4 de seconde, je me suis juste demandé : "Mais par quel prodige, par quel miracle ? Qu'est-ce que je fous à la verticale de la mer ???".
Là, j'ai été projetée droit devant moi (en heurtant Nadia qui était sous moi).
Je me suis pris une gamelle mémorable et j'ai atterri toujours dans la position de la tortue, mais SUR la plage directement. Sans lunettes, sans casquette.
Quant au canoë, même pas besoin d'y toucher : il est parti se ranger tout seul avec ses copains jaunes & rouges :)
Complètement hébétées, on était en train de se regarder de l'air de dire : "M'enfin, il s'est passé quoi là ?".
Moi je braillais : "Mes lunettes, mes lunettes !!!!".
Muriel est venu me voir : "Laisse tomber... On a toutes perdu nos lunettes à l'arrivée. Tous les kayaks se sont retournés. La mer est pleine de lunettes...".
Après un lavage à la douche froide sur la plage, ensuite, on nous a ramenées au campement.
Inutile de te dire qu'on était déjà bien fatiguées par cette première journée tu sais...
Steve nous a même dit plus tard qu'il n'y avait pas besoin qu'il anime nos soirées, étant donné qu'à 22h maxi on était déjà quasiment toutes en train de roupiller.
J'ai constaté qu'il y avait des blessées de guerre. Les chutes à VTT du matin + pluie de canoës = bleus partout sur les corps... Une mention spéciale au formidable champs de patates douces dans lequel était installé le bivouac de la seconde nuit (oui, il changeait de place tous les soirs). Visiblement, le motoculteur avait fraîchement retourné la terre en laissant un tas de sillons qui faisaient comme des bosses dans le dos (pour dormir c'est d'un pratique... Conditions extrêmes qu'y z'ont dit...).
Les p'tites Miss (France, Guadeloupe & Bourgogne) étaient à-côté de not' tente. On a décidé que désormais on serait leurs 3 mamans. Donc on leur a esspliqué que vu que le champs était en pente, il fallait installer les tapis de sol dans l'aut' sens, histoire que le sang monte pas trop à la tête en dormant.
En allant faire pipi à 2 heures du matin (toute une expédition : enjamber Nadia, ne pas faire trop de bruit en ouvrant le zip de la tente, mettre sa frontale en lumière rouge pour ne pas attirer les moustiques), j'ai vu un mec avec une lampe torche dans le bivouac.
J'ai pensé : "Mais qu'est-ce qu'il fait là, lui ? Qui c'est ?".
En fait, il ramenait Isabelle, du Koh-Lanta de cette année (pour ceux qui connaissent), qui s'était pris le matin le VTT dans l'aine et dans la poitrine, et avait donc été emmenée aux urgences.
Quand elle m'a vu dans ma p'tite chemise de nuit à rubans façon Laura Ingalls (c'était une blague dé départ pour contrecarrer le fait que ma Delph comptait bivouaquer en nuisette), elle m'a dit : "S'te plaît Sonia, me fais pas rigoler, j'ai maaaaaaal !".
En fait, elle était interdite d'épreuves, donc privée de trail le lendemain.
Comment te dire... Monter sur la Montagne Pelée, sous forme d'un Trail de 18km avec 1200 mètres de Dénivelé Positif...
Si j'avais su... J'aurais pas venu tenu compagnie à Isabelle...
A suivre...